- Interview de Michel SURO -
- IV Le Siècle des Ombres -
Passons à ton actualité, surtout le Siècle des Ombres. Quand as-tu commencé à travailler dessus ?
MS : Eric et Richard sont venus m'en parler en 2003 déjà, donc j'ai eu le temps d'y penser, j'ai eu le scénario fin 2006 je crois, Eric planifie longtemps à l'avance.
Es-tu intervenu sur l'histoire ? Sur l'évolution d'Abeau et Cylinia par exemple ?
MS : Pas directement, j'imagine que ma manière d'aborder le scénario de l'interpréter influence le travail du scénariste, et il est certain que dessinées par un autre la série « le clan des chimères « et sa suite aurait été très différentes. J'ai quand même demandé à Eric de me faire dessiner des bateaux, aussi pour l'orienter, lui, vers une narration moins confinée que celle du Clan des Chimères.
Le personnage de Cylinia ressemble totalement à celui du Clan des Chimères tandis que celui d'Abeau est plus proche de celui dessiné par Guérineau dans le Chant des Stryges. Comment t'y es tu pris pour trouver le bon compromis ?
MS : Le scénario conditionne beaucoup l'approche que j'ai des personnages et de leurs traits. En l'occurrence c'est Cylinia qui porte le pantalon, Abeau est un peu plus effacé. Visuellement il faut qu'ils soient crédibles, et fasse le pont entre les 3 séries.
Pour résumer donc, c'est le profil psychologique du personnage qui détermine son physique, sa gestuelle, ses mimiques.
Même si on a pris au départ une option graphique pour un personnage, il arrive souvent en cours de récit lorsque sa personnalité se dévoile ou s'affirme qu'il évolue aussi graphiquement, insidieusement.
Le fait de connaître le destin des personnages principaux à travers la série mère, ne risque-t-il pas de restreindre les possibilités ? (On sait par exemple à la fin du premier opus, qu'il n'arrivera rien à Cylinia et qu'elle va de toute façon retrouver Abeau...)
MS : Non, je ne pense pas qu'Eric se laisse restreindre facilement ? Tu te rappelles peut-être de cette série TV « Colombo » ; on connaissait tout du crime et du coupable dès le début des épisodes, et c'était tout aussi passionnant.
Cylinia reste-t-elle toujours ton personnage préféré aujourd'hui ?
MS : Oui c'est le moteur, le fil conducteur.
D'autre part en grandissant elle a pris des formes et je peux érotiser le personnage. C'est un aspect qui m'a manqué dans Le Clan des Chimères avec les gosses.
Les Hydres d'Arès, la quatrième série dans l'univers des stryges, n'a pas réussi à convaincre le public. As-tu des craintes pour le Siècle des Ombres qui est désormais la 5ème dans cet univers ?
MS : Si tu fais un spin off tu te places d'entrée dans une position de second couteau. Il faut donc doublement se bouger, d'une part pour ne pas décevoir les amateurs de la série mère, d'autre part pour montrer qu'on existe autrement.
Il semble que l'éditeur ne communique que sur 4 séries actuellement, ayant fait le choix d'écarter les Hydres de l'univers des stryges.
On peut toujours se demander si c'est trop, mais un tel sujet doit être étayé de tout côté, nourri, sinon on tombe dans l'erreur de ce film de série B des années 50, ou un monstre tapi dans une grotte fait régner la terreur, jusqu'à ce que finalement au bout d'une heure il sorte de son trou, ridicule...
Pour ce qui est du Siècle des Ombres tout les acteurs du projet ont fait le maximum, c'est au lecteur de trancher.
A ce jour, les échos sont bons, l'album est visible, bien distribué, les aficionados du Chant des Stryges semblent avoir embrayé sur cette nouvelle série.
Le travail sur les couleurs réalisé par Luca Malisan est magnifique. Comment collaborez-vous ensemble ?
MS : Tu as raison, je trouve ça superbe aussi. Luca nous envoie par Internet depuis l'Italie ses couleurs et là, il n'y a plus grand-chose à dire. Nos petites remarques sont suivies à la lettre. C'est une collaboration idéale. Son point fort est qu'il sait dessiner, donc il sait interpréter le dessin, modeler les visages, bref il comprend mes intentions plus facilement. D'autre part il a la courtoisie de me demander lorsqu'il efface certains traits. J'ai eu à travailler avec un coloriste qui demandait à l'éditeur de me faire changer des dessins qui ne lui plaisaient pas ou qui dénigrait mon travail lors d'interviews. Là, ça change en mieux en tout point.